Tivoli. Variations sur un paysage au XVIIIème siècle.
Rien de très nouveau par ici ! Après l'épisode Je-fais-une-dissertation-de-ouf-malade-en-deux-semaines, ma vie a repris le cours tranquille de celui qui connaît ses dates d'examen terminal. Dans mois de trois mois, dissertation de spécialité, à laquelle il me faut au moins 14 sinon je ne passe pas en quatrième année. A part ça, c'est la joie quand même dans les coeurs, parce que j'ai revu Juliette : tout plein de bonnes nouvelles au programme et une jolie exposition, Tivoli. Variations sur un paysage au XVIIIème siècle.
Je n'étais jamais entrée au musée Cognacq-Jay. Enième avantage de la carte étudiant de l'Ecole du Louvre, la gratuité dans les expositions temporaires des musées de la Ville de Paris (et même - presque - partout ailleurs, si c'est pas la classe ça...), ce qui me permet de me cultiver à fort peu de frais. Problème : je fais une réaction presque épidermique aux musées le dimanche. Les salles sont remplies de vieux qui sentent la naphtaline et vous bousculent dans la queue sous prétexte qu'ils sont au seuil de la mort... Au vu de l'entrée du musée, j'ai eu peur, donc. Les collections permanentes sont coquettes (entendre par là : pas très grandes mais chouettes) bien que les salles soient toutes petites, mais il faut reconnaître qu'installer des collections dans un ancien hôtel particulier du XVIème siècle, c'est pas de la tarte. Reste à espérer que le parcours temporaire est mieux aménagé.
Giovanni Battista Piranesi, Altra Veduta del tempio della Sibilla in Tivoli, eau-forte et burin sur papier.
Les quatre salles, pas très grandes (surtout la II, argh), servent chacune un propos basé sur la ville de Tivoli et notamment le temple de la Sibylle. Pour faire court, on part du dessin recomposé (esquisses croquées sur le vif puis retravaillées en atelier) pour arriver au dessin de plein air avec notamment Joseph Vernet ou Gaspard Dughet. Bon, d'accord, ces vues-là n'étaient pas faites pour être commercialisées, mais quand même. Le fantastique d'Hubert Robert est assez impressionnant à voir, les vues de Piranese sont dignes de ses Carceri (gravures fantômatiques avec arbre qui pousse au milieu du temple en ruines... bref, une ambiance à la Le Fanu) et il y a même un tableau néo-classique accroché sur un mur.
Lancelot-Théodore Turpin de Crissé (oui, c'est son nom) a peint une anomalie : certes, un paysage se doit de contenir quelques petits personnages, que ce soit un homme tombant dans le ravin ou un couple de bergers chez Vernet, mais ici c'est à une scène "historique" que le spectateur est convié : Horace lisant à Mécène l'ode qu'il a écrite pour lui - le titre, à peu d'approximations près. Je n'ai pas trouvé de photo, vuos n'avez qu'à aller voir l'exposition, elle se termine le 20 février ^^ Le tout dans une ambiance crépusculaire, le ravin en face de nous, la terrasse des hommes en surplomb ; une manière très lisse, enfin, digne d'une photographie s'il n'y avait pas ces couleurs toutes pimpantes. Du grand art. Si l'on s'en retourne à Piranese, le choc est rude. C'est là tout le mérite d'une petite exposition (avec du monde, certes, mais aussi de beaux tableaux) que de nous montrer différentes vues d'un même motif. Il en résulte un propos pas répétitif et des tableaux bien mis en valeur.
En guest star, notons une maquette en liège d'Antonio Chichi, le fameux italien ayant réalisé tout plein de maquettes de monuments historiques conservés aujourd'hui... dans la salle d'archéologie comparée du Musée de Saint-Germain-en-Laye.
Photos de la maquette et de la gravure de Piranese : La Tribune de l'Art.