"Aime une fille qui lit."
Ce petit coin se transforme de plus en plus en Goodreads. Ce n'est pas entièrement ma faute, en tombant sur ce texte-là, je n'ai pas eu d'autre choix que de le partager ici. Enjoy - et reconnaissez-vous dedans !
« Aime une fille qui lit. Aime une fille qui dépense son argent dans les livres au lieu des habits, dont les placards débordent parce qu'elle a trop de livres. Aime une fille qui possède une liste de livres à lire et une carte de bibliothèque depuis l'âge de [six] ans.
Trouve-toi une fille qui lit. Tu la reconnaîtras parce qu'elle a toujours un livre à lire dans son sac. Elle regarde avec admiration les livres rangés sur les étagères des librairies, s'extasie discrètement quand elle a trouvé le livre qu'elle cherchait. Tu vois cette fille bizarre qui respire les pages des vieux livres dans les librairies d'occasion ? C'est elle, la lectrice. Elle ne peut pas s'empêcher de respirer les pages des livres, surtout quand celles-ci sont jaunies et fatiguées.
C'est celle qui lit en passant le temps dans le café au coin de la rue. Si tu regardes sa tasse, tu remarqueras que le [thé] a refroidi, parce qu'elle est déjà complètement absorbée par son livre. Perdue dans le monde imaginé par l'auteur. Assieds-toi. Peut-être te lancera-t-elle un regard, car la plupart des filles qui lisent n'aiment pas être dérangées. Demande-lui si elle aime son livre.
Propose-lui une nouvelle tasse de [thé].
Dis-lui ce que tu penses vraiment de Murakami. Demande-lui si elle a dépassé le premier chapitre de Fellowship. Comprends bien que si elle te dit qu'elle a compris Ulysses de James Joyce, elle dit ça juste pour avoir l'air intelligente. Demande-lui si elle aime Alice ou voudrait être elle.
C'est facile d'aimer une fille qui lit. Offre-lui des livres pour son anniversaire, Noël et toutes les autres fêtes. Offre-lui des mots, des poèmes et des chansons. Offre-lui Neruda, [Tennyson], Sexton et Cummings. Montre-lui que tu as compris que les mots sont de l'amour. Il faut que tu comprennes qu'elle connaît la différence entre les livres et la réalité, mais que malgré tout, elle essaiera quand même de faire que sa vie ressemble un peu à son livre préféré. Ce ne sera jamais de ta faute si c'est le cas.
Il faut qu'elle essaie.
Mens-lui. Si elle comprend la syntaxe, elle comprendra que tu as besoin de mentir. Derrière les mots se cachent d'autres choses : des raisons, des valeurs, des nuances et des dialogues. Ça ne sera pas la fin du monde.
Déçois-la. Parce qu'une fille qui lit sait que les déceptions précèdent toujours des sommets d'émotions. Parce qu'une fille qui lit comprend que toutes les choses ont une fin, mais qu'on peut toujours écrire une suite. Qu'on peut recommencer encore et encore, et rester le héros. Que dans la vie, il y a toujours un ou deux méchants.
Si tu trouves une fille qui lit, ne la laisse pas t'échapper. Si tu la retrouves à 2 heures du matin, serrant un livre contre elle et pleurant, prépare-lui une tasse de thé et prends-la dans tes bras. Tu la perdras sûrement pour quelques heures, mais à la fin, elle reviendra toujours. Elle parlera comme si les personnages du livre existaient vraiment, parce qu'ils existent toujours, l'espace d'un instant.
Tu la demanderas en mariage dans une montgolfière. Ou à un concert de rock. Ou l'air de rien, la prochaine fois qu'elle sera malade. Par Skype.
Tu souriras tellement que tu te demanderas pourquoi ton cœur n'a pas encore éclaté. Tu écriras l'histoire de vos vies, vous aurez des enfants avec des noms étranges, des goûts étranges aussi. Elle fera découvrir Le chat chapeauté et [Kvothe] à vos enfants, peut-être même les deux dans la même journée. Vous passerez vos vieux jours en vous promenant bras dessus, bras dessous, et elle récitera doucement [Yeats] pendant que tu feras tomber la neige de tes bottes.
Aime une fille qui lit, parce que tu le mérites. Tu mérites une fille qui peut, par son imagination, parer ta vie de mille couleurs. Si tu n'es capable de lui offrir que de la monotonie, des idées ternes et des demi-mesures, mieux vaut rester seul. Si tu veux le monde entier, et tous ceux qui se cachent derrière, aime une fille qui lit.
Encore mieux, aime une fille qui écrit. »
Au début j'ai souri, j'ai regardé mes étagères, les livres dans mon sac. Après j'ai eu un peu honte, de me reconnaître dans cette fille qui glousse au hasard d'un rayon de librairie et qui respire les vieilles pages quand elle est toute seule. J'ai ri en me rappelant le péremptoire "oui Joyce c'est compliqué", alors que je n'ai même pas lu Dubliners... Puis j'ai failli verser une petite larme, mais non, les larmes ne coulent que sur des mots comme ceux-là :
Come away, O human child: To the waters and the wild with a fairy, hand in hand, For the world's more full of weeping than you can understand.