"Laissez lire, et laissez danser ; ces deux amusements ne feront jamais de mal au monde." Voltaire
Vient ce moment où tu rouvres les yeux. Tu te demandes un peu comment tu es arrivée là, la tête nichée dans le creux d'une épaule, et cette main au bas de ton dos. Lui a le visage emmêlé dans tes cheveux, et tu tournes sans trop y penser. Il suffit d'un soupir, un tout petit vertige, pour qu'il te serre encore un peu plus. Il n'y a pas eu un seul mot, juste un bras tendu et un sourire. Tu ressens la musique, tu ne l'écoutes plus. Tu danses, et quand ta jupe arrêtera de tourner, tu ne connaîtras même pas son prénom.
Le pianiste présent hier soir, spécialiste ès mazurkas-câlins.
Si vous ne le saviez pas encore, je danse, et j'aime la mazurka par-dessus tout. Merci à ma famille de m'avoir emmenée dès toute petiote dans les festoù-noz, sinon comment j'occuperais mes soirées, depuis un an que je virevolte dans les bals néo-trad parisiens ?
L'image des bals populaires n'est pas très reluisante. On s'imagine un accordéon poussiéreux et un vieil homme qui pousse la chansonnette, la voix pleine de trémolos, tandis que la cantine de la maison de retraite s'anime des quelques couples qui osent se lever de leur chaise. J'exagère un peu, certes.
La vérité ? Il fallait venir hier soir sur une péniche, par exemple, pour la trouver. Ou dans à peu près n'importe quel événement dansant parisien – j'ose imaginer que c'est pareil ailleurs, mais je ne connais pas les bals d'autres villes, à part les festoù-noz bretons déjà mentionnés.
La vérité, c'est que la population est jeune, chose que n'importe quel statisticien pourrait confirmer. La vérité, c'est que les groupes de musique sont excellents, musiciens comme chanteurs.
La vérité, c'est que c'est sacrément sportifs, mes jolis mollets – oui, je me jette des fleurs, c'est gratuit – en sont la preuve.
La vérité, c'est que les scottishs, mazurkas, valses, cercles, bourrées... c'est sacrément addictif. Parlez-en à tous les ami/es convertis à la cause de la danse trad.
La vérité, c'est que c'est convivial. Le petit texte du début n'est pas vraiment représentatif, étant donné qu'un bal folk, c'est un endroit où je parle aux gens sans les connaître avant. Bonjour, tu me connais depuis le lycée ? Tu sais que je suis timide ? Et bien là j'entame la conversation TAVU. Tout semble normal, tu peux aborder quelqu'un parce que tu adores son tee-shirt (vécu) ou que tu veux connaître la marque de sa robe (vécu). Je ne suis pas suffisamment sortie en boîte* pour me permettre des généralités du type « tout pourri », mais le fait est là : je préfère danser au son de vrais instruments avec des gens que je peux toucher (voire faire presque un câlin pendant cinq bonnes minutes) que transpirer toute seule en sautillant dans un coin. Ce qui ne veut pas dire que je ne transpire pas en bal folk, mais je préférerais aborder un autre sujet.
C'est difficile, au final, d'aborder cet angle de ma vie qui me passionne par écrit seulement. Il faudrait que je vous emmène tous danser, histoire que vous vous rendiez compte par vous-mêmes. Il faudrait que je vous mette des vidéos, des photos, toussa... mais non, alors un dernier mot : venez danser ! Au pire vous boirez un coup au bar en écoutant la musique, au mieux vous reviendrez la semaine prochaine, ou bien dès le lendemain. Parce que les bals folk, c'est aussi danser une polka sur Cup Song ou une bourrée sur Noir Désir. En attendant, si j'ai réussi à faire passer le moindre petit message, guettez ce site (Parisiens uniquement, sorry le reste de la France) : trad75.free.fr
* Les boîtes gays nantaises ne comptent pas, ni les soirées École du Louvre only.
Clic clic clic - et viens mercredi 19 novembre !
Danser dans une ronde est magique ; la ronde nous parle depuis les profondeurs millénaires de la mémoire.